Elle aurait pu botter en touche, inventer n’importe quel bobard, […] mais non, elle s’est lâchée et elle aussi s’en étonne, car elle n’est pas du genre à s’épancher. […] Que s’est-il donc produit pour qu’elle accepte d’ouvrir une brèche, qui plus est, devant un inconnu ? Il ne lui faut qu’une poignée de secondes pour trouver la réponse : l’homme du train est un inconnu. Il est beaucoup plus facile de se confesser devant une personne qui ne sait rien de vous, qui ne vous jugera pas, qui n’osera pas, qui ne vous délivrera pas de conseils, qui ne s’y sentira pas autorisée […].
Maintenant qu’elle a commencé, pas question de s’arrêter en chemin. Mais, en réalité, c’est facile. Le plus dur, c’était de prononcer les tout premiers mots.
— Philippe Besson, « Paris-Briançon » (pages 81-82) chez Julliard